Alfonso Caycedo, neuropsychiatre colombien d'origine basque espagnole né en 1932 à Bogotá (Colombie), crée à Madrid, en 1960, ce qu'il nomme la fille de la médecine pour étudier la conscience humaine et les moyens d'en faire varier les états et niveaux.
S'appuyant essentiellement sur l'hypnose thérapeutique, la relaxation progressive de Jacobson, le training autogène de Schultz (1883-1970) et la phénoménologie psychiatrique, Caycedo met au point une nouvelle méthode avec une terminologie spécifique et surtout un rapport au malade plus respectueux, prenant en compte sa personnalité, ses spécificités...
"(...) j'ai fondé la Sophrologie dans le Service de Neuropsychiatrie de l'Hôpital Provincial de Madrid que dirigeait le Pr. Juan José Lopez Ibor en 1960. Je m'occupais alors du traitement de patients psychiatriques au niveau hospitalier et ma rencontre avec la conscience malade de ces patients a eu des caractéristiques spéciales. Une grande partie de la thérapeutique d'alors produisait une modification ou une altération de la conscience. Je me réfère aux traitements d'électrochocs et aux comas insuliniques qui étaient à l'époque une thérapie de choix (...). Ma rencontre avec la conscience en coma produit par l'insuline, ou (...) par l'électrochoc, (...) produisaient en moi une interrogation : est-il nécessaire de modifier la conscience ou de l'altérer comme thérapeutique ? Ensuite, je me suis intéressé à l'hypnose clinique (...). Alors naquit en moi un désir de recherche de la conscience parce qu'il me paraissait que les maladies mentales étaient fondamentalement des altérations pathologiques de la conscience. Puisse-je connaître la conscience en harmonie ? Fut ma première Question Radicale qui me porta à mettre en marche un mouvement médical pour rechercher la conscience en harmonie, je lui donnais le nom de "Sophrologie" (...), une école scientifique pour laquelle j'ai proposé la devise "Ut conscientia noscatur", qui signifie, "pour que la conscience soit connue". (Caycedo, 2001)
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L'INFLUENCE ORIENTALE :
Puis, interpellé par certaines descriptions de la conscience d'ouvrages de Yoga et encouragé par le grand phénoménologue suisse Binswanger à entreprendre ce voyage, Caycedo séjourne plus de deux ans en Orient (1965 - 1968), où il s'initie à différentes formes de Yoga, en particulier au Yoga intégral développé par Sri Aurobindo dans son ashram de Pondicherry (Inde), au Tummo - forme de méditation bouddhique tibétaine - et au Zen japonais.
Il en tirera, respectivement le premier, deuxième et troisième degré de la "Relaxation Dynamique", en adaptant et rendant plus accessibles à notre esprit occidental les techniques originelles et en abandonnant notamment l'aspect philosophique et religieux initial, puisqu'il s'agit alors véritablement d'élaborer une science.
Ainsi, Caycedo réalise un pont - ou "une rencontre vivantielle" (Caycedo, 2001) - entre l'Occident et l'Orient.
Il nous précise toutefois :
"Peut-être à cause des recherches que j'ai réalisées, nombreux sont encore ceux qui confondent la Sophrologie et ma Méthode qui est son fondement, avec ce genre de techniques et de méthodes [occidentales et orientales] que j'ai étudiées et abandonnées au fur et à mesure que je découvrais les structures responsables de l'intégration de la conscience, celles que ma méthode découvre et renforce à l'heure actuelle".
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DU MEDICAL AU SOCIAL
Du domaine médical initial, la Sophrologie s'ouvre, en 1977 (époque du "choc pétrolier"), vers le domaine social. Dans les années 80, la branche sociale de la sophrologie est créée. Ce dernier domaine occupe aujourd'hui une place importante et de nombreux sophrologues se sont spécialisés dans la prophylaxie (prévention, promotion de la santé), la pédagogie ou le domaine sportif.
En 1985, Caycedo proposera un 4ème degré original élaboré à partir de ses propres expériences sophrologiques.
Relaxation dynamique de Caycedo (R.D.C.) :
YOGA
Inde DHUMO
Tibet ZEN
Japon
1er degré
RDC1 2ème degré
RDC2 3ème degré
RDC3
Corps
vécu Sensations
Respiration
Mouvements
Pleine conscience
Concentration Image
de soi Sensations extéroceptives
Corps limité conscience illimitée
Contemplation Posture
Conscience des interactions corps-esprit
Marche méditative
Intégrité
Méditation
4ème degré - RDC4, vivance de Totalité :
Valeurs existentielles, individuelles.
Marche du nouveau regard.
Vous pouvez aussi lire la page présentant les techniques...
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Depuis, Caycedo a modifié les degrés initiaux et a mis au point huit degrés suplémentaires. L'ensemble de la méthode de "relaxation dynamique" comprend ainsi trois cycles avec chacun quatre degrés, soit au final 12 degrés de "relaxation dynamique". Ces degrés peuvent être comparés à ce que les arts martiaux japonais désignent par "katas" , c'est-à-dire, un enchaînement de mouvements codifiés, une "forme" originelle, transmise par les fondateurs pour synthétiser leur art. Toutefois, l'apprentissage des différents degrés de la "relaxation dynamique" n'exige pas tant de perfectionnisme que dans les katas japonais : la forme importe moins que la dynamique, que l'intentionnalité et surtout que l'expérience personnelle.
LES TECHNIQUES EN SOPHROLOGIE
Il existe deux grands ensembles ou catégories :
Les "relaxations dynamiques", que nous avons évoquées dans l'historique et que nous allons reprendre plus en détails.
Les techniques spécifiques ou "Sophronisations", qui seront abordées dans les pages suivantes.
Les Relaxation Dynamiques :
Les relaxations dynamiques de Caycedo (R.D. ou R.D.C.) sont pratiquées debout et assis sur une chaise.
Elles constituent la méthode privilégiée en groupe et représente l'un des piliers de la sophrologie. Elles regroupent plusieurs techniques codifiées de manière très précises dans des objectifs à long terme. Chaque R.D. dure en moyenne une heure.
Pour nous, comme pour A. Caycedo, les Relaxations Dynamiques sont l'essentiel de la sophrologie. Elles permettent de dynamiser la conscience.
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La "Relaxation Dynamique" du 1er degré (RD1),
la corporalité* :
Le 1er degré de la RDC représente en lui-même une pédagogie vivantielle de la concentration (Caycédo, 1999).
Elle se compose d'une douzaine de stimulations corporelles réalisée debout, les yeux fermés, le plus souvent en "respiration synchronique" (inspiration, rétention, stimulation ou tension douce, expiration, relâchement). Chaque série stimulant tour à tour différents "systèmes" corporels, est suivie d'un temps d'intégration, moment privilégié pour percevoir les zones stimulées intégrées au corps tout entier. Ce premier degré vise à renforcer de manière pratique le schéma corporel*.
Il s'agit de renforcer la présence du corps dans la conscience, de libérer toutes les sensations ou toutes les tensions corporelles ("relaxation"), d'amener une présence particulière du corps. Ces différents phénomènes sont expérimentés d'autant plus facilement que l'on se trouve dans la "Conscience Isocay", (voir schéma de l'éventail de la Conscience). Précisons encore qu'il ne s'agit pas de "voir" le corps mais bien de le sentir ou ressentir, d'être attentif aux informations perçues dans les différentes parties du corps.